1 septembre 2012

Alors j'ai pas aimé The Dark Knight Rises...

Lecteur, avec ce genre de titres, je ne te prends décidément pas en traître. Déjà, tu te doutes que Spiderman n'a que peu de chances d'apparaître dans cet article.

Alors, disais-je, je n'ai pas aimé The Dark Knight Rises. Il faut dire que dans le milieu cinématographique, les films de super-héros sont un genre ô combien périlleux, capable du meilleur (The Dark Knight) comme du pire (tous les films qui ne sont pas The Dark Knight). Les adaptations cinématographiques de l'homme chauve-souris elles-mêmes ont joyeusement oscillé entre "très bon" (la dualogie de Tim Burton), "très mauvais" (les... trucs de Schumacher) et "tellement mauvais que c'est bon" (le film tiré de la série télé Batman des années 50).

Bon, celui-là n'était pas Batman Forever, et c'est toujours ça, je suppose. Mais un trop grand nombre de problèmes, d'incohérences et de facilités scénaristiques m'a empêché de le savourer pleinement. Je vais lister ci-après ici les raisons principales.

Je préviens les éventuels lecteurs que cet article sera pourri de spoilers. D'ailleurs, si tu n'as pas vu le film, tu risques de ne pas comprendre grand-chose.

1. Un film de Batman sans Batman dedans 


Ou si peu.

On aurait aussi bien fait de prendre celui-là.
En effet, la majeure partie du film devra se passer de son sauveur super-héroïque attitré, au point qu'on aurait pu aussi bien renommer ce film Gotham Rises, ce qui aurait eu plus de sens et aurait même éventuellement pu donner un meilleur film (que ferait Gotham pour se débarasser de ses super-villains quand leur super-héros est occupé ailleurs ?).

Batman n'apparaitra qu'après quarante minutes de film environ, pour n'occuper l'écran qu'un minimum. Et franchement, j'ai du mal à considérer cette encagoulé comme le vrai Batman. Le vrai Batman, vois-tu, est intelligent (en fait, il est même censé être très intelligent, bien plus que ses adversaires... Rappelons qu'il a quand même réussi dans un comic book dont le nom m'échappe à manigancer un plan amenant le Joker à le sauver !). En outre, le vrai Batman est paré à toutes éventualités, au point qu'il a même à sa ceinture un morceau de kryptonite, pour le cas où il se ferait attaquer par Superman (ce qui s'est déjà produit, d'ailleurs).

Hors, le Batman que voici est vraiment, mais alors vraiment très con. Un exemple ? Eh bien, voici quelques un des plus marquants, tous issus de la même scène :

Après s'être fait avoir comme un con par Catwoman*, Batman se retrouve forcé de combattre Bane dans son propre repaire. Bon, soit. C'est Batman après tout, il est bardé de gadgets en tous genres, alors il va... hum... attaquer un lutteur meurtrier au moins deux fois plus large que lui... à mains nues. Vraiment ?... Mais quel con.

Bon, mais Batman va au moins penser à frapper le masque de Bane, qui est évidemment son point faible comme n'aurait pas manqué de le deviner le plus grand détective du monde ? Ah non, il le frappe dans le gras sans se soucier du fait que la seule réaction qu'il obtient est une litanie de moqueries. Mais quel con.  

Ou même celui-là.
Ah, il pense à utiliser des bat-gadgets quand même. Oui, il... balance un bidule qui fait de la fumée (Bane s'en fout) et fait éteindre les lumières (Bane rigole). Ah oui, oui, d'accord. Pas de taser, pas d'armes incapacitantes, il ne pense même pas à utiliser ses batarang hypodermiques qu'on le voit employer plus tard dans le film contre des sbires. Rien de rien. Mais quel con.

Bref, c'est sans surprise que Bane prend l'avantage et démolit Batshit, lui brisant au passage la colonne vertébrale (le fan des comic books saluera quand même l'hommage à Knightfall). La scène est sensée être dramatique, mais personnellement j'en étais presque à encourager le Big Bad, étant apparemment le seul personnage doué d'une matière grise. En outre, c'est à ce moment précis que je me suis rendu compte que j'avais pris des pop-corns salés. Et j'en avais déjà bouffé le tiers avant de réaliser. Mais quel con.


2. Un film où tout le monde est soudainement très con...


Et s'il n'y avait que Batman a être frappé d'un soudain accès d'idiotie !... Mais c'est comme la ville toute entière était soudainement tombée sous le coup d'une toxine de l'Épouvantail, qui, au lieu de faire faire des cauchemars, rend vraiment stupide.

Durant tout le long-métrage, c'est comme si l'ensemble des protagonistes était incapable d'agir normalement. Les protagonistes tombent systématiquement dans les embuscades des méchants et sont incapables de deviner leur plan à l'avance (alors même que le spectateur le peut en disposant des mêmes éléments, et ce sans aucune peine). En fait, même lorsque l'un des héros (Gordon, le seul du film a faire quelque chose de ses dix doigts) parvient à découvrir les agissements de Bane dans les égouts, la réaction immédiate des forces de l'ordre est de se foutre de lui et de ses histoires d'armée souterraine.

Un exemple de cela ? Eh bien, j'en ai même deux !

Le premier est la super-scène d'action du milieu du film où Gotham pète dans tous les sens et tombe sous l'emprise de Bane. Bon, déjà, il faut accepter que le grand méchant ait été capable de faire placer d'énormes quantités d'explosifs un peu partout sans que jamais personne ne s'en aperçoive. Ça, encore, ce n'est pas trop dur. Mais ce qui fout complètement en l'air la suspension volontaire d'incrédulité du spectateur pourtant tolérant que je suis, c'est que durant cette même scène, la totalité des forces de police se retrouve prise au piège dans les égouts. (Bon, pour être parfaitement honnête, il y a quand même une dizaine de flics à tout casser qui échappent au désastre, parmi lesquels Blake et Gordon) 

Ah bah oui, il se trouve que charger tous ensemble, d'un seul homme, bien groupés dans des souterrains exigus n'est pas une bonne idée ! Qui l'eut crû ? 

Deuxième exemple, dans la super-scène d'action de fin du film où tout Gotham les seuls gentils flics héroïques se soulèvent pour aider Batman à en finir avec Bane, quel est leur tactique contre l'armée ennemie ? Mettent-ils à profit leur entraînement de haut niveau pour les attaquer intelligemment avec les armes à feu ou incapacitantes qu'ils n'ont pas manqué d'emmener avec eux ?

Sottiques que tout cela ! Non, ils font comme dans tous les bons films hollywoodiens qui se respectent et foncent dans le tas, comme un seul homme, bien groupés, la plupart armés de matraques face à des ennemis équipés de fusils d'assauts !

Pour la peine, voici même un troisième exemple : durant la scène de course-poursuite opposant la police à Bane et ses sbires à motos (motos qu'ils avaient d'ailleurs planqué d'une façon ou d'une autre dans le bâtiment de la Bourse de Gotham), voici qu'apparaît soudain Batman. Foley décide alors que poursuivre le justicier de la nuit est soudainement plus important que de se soucier de Bane et des otages qu'il a pris soin d'emporter.

Et aussitôt d'ordonner à toutes ses forces (plusieurs dizaines de voitures, pourtant) de s'occuper de Batmou plutôt que du lutteur/terroriste. Le plus fort, c'est que dans la scène suivante, Alfred trouve le moyen de blâmer Wayne du fait que Bane ait pu s'échapper. Parce que c'est entièrement de sa faute si le G.C.P.D. recrute chez les autistes. 

Hum, excusez-moi, cette dernière phrase est en fait vraiment offensante pour les autistes : eux au moins connaissent le multi-tasking.


3. ... Même les méchants


Et s'il n'y avait que les protagonistes !... Mais les antagonistes eux-mêmes ne sont absolument pas à l'abri de l'épidémie de stupiditae aureus qui s'est abattue sur la cité de Gotham et l'ensemble du scénario.

Ça manque d'images débiles dans cette article.
Tiens, ben, commençons par l'exemple le plus évident : le plan de Bane concernant Batman. Bref, il a réussi à briser (au propre comme au figuré) le chevalier noir. Il décide donc de le supprimer aussitôt afin d'éviter qu'il ne revienne jouer les grains de sables dans les rouages bien huilés de ses plans. Pour la peine, il pourrait également exhiber le cadavre de Batman à toute la populace de Gotham pour porter un coup fatal au moral de toute personne espérant s'élever contre lui !.... Ah, non ? C'est pas ça ?

Non, en fait son plan consiste à l'envoyer dans une prison avec une porte de sortie grande ouverte et aucun garde, avec en prime un "médecin" attitré et la télévision. Mouhahahah ! Je ne vois absolument pas comment ce plan machiavélique et redoutablement bien pensé pourrait se retourner contre lui !

Bref, en d'autres termes, Bane commet la deuxième erreur classique du méchant de film hollwoodien et décide d'épargner son ennemi, la première étant de dévoiler tout son plan en un long monologue, ce qu'il a le bon goût d'éviter, c'est déjà ça.

Non, cette erreur-ci sera commise par l'autre Big Bad du film, Talia Al'Ghul, alias la Grande Méchante Surprise, alias Miss-monologue-le-plus-artificiellement-long-de-l'histoire-du-cinéma. En effet, vers la toute fin du film, alors que Talia a entre ses mains le détonateur de la bombe à neutrons qui va détruire Gotham ET que Batman est à sa merci, décide de déclencher aussitôt la bombe parce qu'elle est intelligente et se doute que quelqu'un pourrait intervenir et tout foutre en l'air...

Oui, bon, naturellement, tous les personnages de ce film étant paralysé par la stupidité, elle décide, plutôt que d'agir intelligemment, d'offrir à Batman un long monologue chiant et peu cohérent pour lui expliquer que c'est elle qui a gagné, mouahahahah, comment elle est trop maléfique ! Finalement, après avoir perdu trois bonnes minutes à parler pour le seul plaisir de parler, elle appuie enfin sur le bouton du détonateur.

Et alors là, surprise totale ! Pendant qu'elle causait, James Gordon a neutralisé le détonateur ! Ben merde alors ! Quel suspense ! Personne dans l'assistance ne se doutait que ça allait se produire ! Sur ce, Talia déclare que de toutes façons, ça n'a pas d'importance, puisque ça ne fait que retarder l'échéance. Donc en fait, c'était vraiment une scène inutile.

4. En vrac


Ci-dessous, d'autres raisons plus mineures qui m'ont quand même fait tiquer durant tout le film :

- La quasi-totalité des rebondissements sont quand même bien téléphonés. Qui a été surpris que Catwoman décide finalement de revenir sauver Batman, par exemple ?
- La scène de la transfusion sanguine en avion, au tout début du film. En gros, l'idée est de donner le sang du docteur Pavel à un cadavre (pour faire croire à la mort du physicien). Sauf que : 1) Si c'est pour une analyse ADN, ça ne fonctionnera pas puisque les globules rouges n'en contiennent pas (d'ADN) et que 2) De toutes façons, quand on cherche à identifier un cadavre (ou plutôt ce qu'il en reste après un crash), c'est plutôt par l'analyse dentaire qu'on procède.
- Marion Cotillard.
- Le message politique sous-jacent : Occupy Wall Street c'est mal, c'est la porte ouverte aux terroristes ! Si les pauvres en veulent aux riches, ben c'est qu'ils collaborent avec les méchants pour détruire les USA !
- Le patriotisme du film, si peu subtil qu'en comparaison même Michael Bay est un sale communiste. Americaaaa !
- Le fait que les deux éléments sus-mentionnés n'apportent objectivement rien au film et auraient aussi bien pû passer complètement à la trappe sans que personne ne s'en plaigne, bien au contraire.
- Marion Cotillard.
- Les aspects très convenus de plusieurs situations. Comme dans tout bon film hollywoodien qui se respecte, lorsqu'il y a une bombe, ce n'est qu'à la toute fin du compte à rebours que les héros parviennent à empêcher la destruction totale !
- Des faux raccords font que des scènes de quelques minutes (en temps de film) commencent en plein jour et se terminent en pleine nuit (notamment visible lors de la scène de la course-poursuite).
- Marion Cotillard.
- Le personnage de Blake, alias Robin (c'est d'ailleurs son vrai nom...), dont la révélation de sa véritable identité tombe comme un cheveu sur la soupe et sans subtilité.
- Personne dans l'équipe de tournage ne semblait pouvoir faire la différence entre une bombe à neutrons et une bombe thermonucléaire.
- J'ai déjà mentionné Marion Cotillard ? Parce que c'est vraiment l'un des éléments les plus horripilants.


Conclusion


En fait, je dirais que The Dark Knight Rises est un assez bon film... comparé aux autres sorties de l'année. C'est en revanche un bien mauvais film comparé à tout ce qu'il aurait pu être.

D'autant qu'il aurait suffit de peu de changements pour que ce gros pétard mouillé soit le chef-d'œuvre que la plupart des critiques semblent avoir trouvé en lui. Parce que des points forts, il en avait : les scènes d'actions bien fichues (à l'exception des "petits problèmes" mentionnés dans cet article), des dialogues mémorables (quoi que certains étaient bien nazes) et d'excellents acteurs (sauf une, que j'ai peut-être déjà mentionnée). Nolan est un bon réalisateur. Il aurait pu, et très facilement, faire mieux.

D'ailleurs, il est déjà prévu qu'un reboot de la franchise Batman sorte sur les écrans d'ici 2015. Je ne sais pas encore quoi en penser, mais c'est mauvais signe.


A part ça, The Amazing Spiderman était très bon, meilleur que ce que je pensais, en dépit là encore d'aspects très convenus.

* Soit dit en passant, je n'ai toujours pas compris pour quelle raison Catwoman trahit Batman pour Bane, puisqu'il est établi plus tôt qu'elle a besoin du "table rase" que seul Batman possède.

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