23 juin 2014

This is (probably) the end

Je me vois forcé de mettre ce blog à nouveau en pause, et cette fois c'est peut-être bien pour de bon. Je ne vais pas m'étendre sur les raisons qui justifient cela, mais je vais quand même mettre une vidéo sympa (et assez appropriée) pour m'excuser.


In the end We’re all doomed
Even if your livin’ on the moon
We’re all doomed.

Super volcano near
Even if we get out of here
We’re all doomed.
We’re doomed.

Enjoy your stay while you’re here
We’re Doomed.

So take this time to pass some love around
And tell your friends before they’re dead
Love is the only legacy you leave behind
Love is the only legacy you leave behind
And we’re all doomed

In the end We’re all doomed (yee haw)
Even if your livin’ on the moon
We’re all doomed.

How ’bout the big line across the sky
If it’s here we’re gonna die
Everyone dies

So take this time to pass some love around
And tell your friends before they’re dead
Love is the only legacy you leave behind
Love is the only legacy you leave behind (yes it is)
Love is the only legacy you leave behind
And we’re all doomed

9 juin 2014

Des micronations qui existent vraiment (ou presque)

Cher lecteur, nous célébrons aujourd'hui mon centième article ! Je me sens tout chose. Je sais que beaucoup de blogs atteignent ce seuil, cette milestone en beaucoup moins de quatre ans, mais j'ai toujours valorisé la qualité plutôt que la quantité. En plus, je suis très fainéant.

Et pour ce centième article, je vais parler d'un sujet qui m'amuse beaucoup : celui des micronations. États d'une taille hilarante ainsi que l'indique leur nom, ces nations ne sont en général pas le moins du monde reconnues par quelque véritable nation que ce soit, et un bon nombre d'entre elles existent uniquement à l'état de farce, comme l'Empire Aericain qui réclame comme territoire -entre autres- l'hémisphère sud de Pluton et une planète qui n'existe pas. Mais l'existence de certaines sont défendues avec le plus grand sérieux par leurs fondateurs (et souvent unique habitant), pour des raisons diverses dont la folie légère ou un fol espoir.

Gloire au Grand Pingouin !

Mais trêve de palabres, intéressons-nous à la première de nos micronations...

1. Gay and Lesbian Kingdom of the Coral Sea Islands


Ou Royaume gay et lesbien des Îles de la mer de Corail, en bon français bien prétentieux. Créé en juin 2004 et arborant l'arc-en-ciel symbole de la LGBTQ en guise de drapeau, cette micronation fut créée comme son nom l'indique par des homosexuel(le)s comme symbole de protestation internationale. Le message envoyé semblait être quelque chose du style : "si vous continuez à nous opprimer, on ira vivre ailleurs et vous serez forcer de recommencer à passer vos nerfs sur les juifs et vous faire taxer d'antisémitisme, bien fait pour vous". Cette monarchie constitutionnelle est gouvernée par l'empereur (!) Dale Anderson Premier. Celui-ci a même nommé une "haute cour" et un "chief of justice", parce que, merde, pourquoi pas ? L'archipel demeure complètement inhabité et n'est reconnu par aucun pays, pas même l'Australie sur les terres duquel il empiète.

D'après nos sources, le taux de natalité y serait inexplicablement faible.


2. Nation of Celestial Space


Cette micronation, déclarée le 1er janvier 1949 et appelée simplement Celestia en forme courte, fut créée par l'américain James Thomas Mangan dans le but de réclamer l'espace (qu'elle comprend tout entier à l'exception de la Terre, parce que tant qu'à créer sa propre nation...) au nom de l'humanité afin d'empêcher toute autre nation de la réclamer pour elle-même, nananinanère. Bonne chance avec ça, mon pote.

Parmi les descendants et héritiers de Mangan, on compte sa fille Ruth Mangan Stump, princesse de la nation de l'espace céleste, et ses petits-fils Dean Stump, duc de Mars, Glen Stump, duc de Celestia, et enfin Todd Stump, duc de la Voie Lactée. Y'a du favoritisme, moi j'dis : y'en a qui hérite d'une planète et l'autre d'une galaxie.

La nation possède même sa propre monnaie.

Mangan effectuant le salut celestien.

3. Principauté de Marlborough


La principauté de Marlborough fut créée en 1993 non pas dans quelconque but de plaisanterie, mais rien moins que par la volonté du fermier George Muirhead -son créateur- de ne plus payer aucun impôt en devenant son propre gouvernement. L'idée, reconnaissons-le, manque peut-être d'intelligence mais pas de cran. Muirhead avait en effet tenté de remettre en cause la légalité de ses factures devant la cour suprême du Queensland, mais sans succès. Pas content, il décida que c'était pas juste et que puisque c'était comme ça, il allait faire sa propre nation, avec des tables de blackjack et des putes, et où le gouvernement de Queensland n'aurait aucune légitimité, bisque bisque rage.

Toute blague à part, 11 jours après la proclamation d'indépendance de Muirhead -devenu le prince George- et de sa femme, 120 policiers du Queensland débarquèrent sur les terres en sécession pour les en retirer de force, attirant au passage sur eux l'attention des médias du monde entier, qui les dépeignirent comme de pauvres travailleurs opprimés par un état froid et sans compassion. "The great conspiracy to enslave Australia" titra notamment le Sydney Morning Herald.

Pingres de tous pays, vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire.

4. République de Molossia


Son nom dérivant du mot espagnol morro signifiant "petite colline rocheuse", Molossia est exactement ça : une petite colline pleine de cailloux avec la maison de son fondateur Kevin Baugh dessus, devenue une micronation en 1999. La république de Molossia se présente comme une république bananière dictatoriale sous la férule militariste de Son Excellence, le Président Baugh, et couvre un vaste territoire de 5.200 m² de terrain (avec 27 habitants, ça fait quand même plus de 5 habitants au km²).

La micronation possède sa propre politique étrangère fort complexe. Ils sont ainsi en guerre contre l'Allemagne de l'Est depuis plus de trente ans. Le fait que nous n'ayons appris l'existence d'aucune bataille rangée ou d'aucun mouvement de troupes prouve la supériorité des tactiques d'El Presidente, qui parvient à tenir en respect une puissance étrangère sans même combattre au grand jour. Ceci est confirmé par le fait que l'Allemagne de l'Est n'existe aujourd'hui plus -du moins en apparence.

Le pays, quoique gémissant sous la puissante mais juste dictature du président Baugh, accueille volontiers le tourisme, ainsi que les donations dans le but de construire une plus grande république molossiène. Il possède même son propre magasin en ligne, vendant toutes sortes de T-shirt, de sacs et de strings. Ne manque pas les véritables pierres de compagnie de Molossia, animaux de compagnie pour le moins originaux et qui ne risquent pas de mettre le merdier chez toi.

Son Excellence, le Président Kevin Baugh.

5. Empire russe de Suwarow


Il y a des histoires qui n'ont vraiment de sens que lorsqu'elles sont présentées dans leur contexte. Mais cette histoire là appartient à la catégorie d'histoires qui, même présentées avec tout le contexte qu'on veut, n'aura de toute manière aucun sens. Comment trouver du sens, en effet, dans la tentative d'un certain Anton Bakov, homme d'affaires russe de son état, de restaurer l'Empire russe au milieu de l'océan pacifique, dans un atoll désert de 168 hectares des Îles Cook appelé Suwarrow ?

Se présentant comme un monarchie constitutionnelle -sans constitution, apparemment-, cet Empire se veut le successeur direct de celui de Peter I. Bakov en est le premier ministre, qui dirige les affaires -sans aucun doute très très nombreuses- du pays en attendant qu'un héritier des Romanov ne soit trouvé.

Tout ceci soulève en tous cas une question : c'est quoi l'intérêt de ressusciter l'Empire Russe si c'est pour en devenir seulement premier ministre ?

2 juin 2014

Mes principaux problèmes avec l'Intelligent Design (outre le fait que c'est complètement débile)

J'ai l'impression que ça va devenir une mode, sinon un running gag, ce genre de titres. Enfin, au moins, il n'y a pas Godzilla dans celui-ci. C'est toujours ça.

Comme tu le sais peut-être déjà, lecteur, l'Intelligent Design (terme politiquement correct proposé dans les années 90 pour éviter d'avoir à dire "créationnisme" et de passer pour une andouille dans les milieux mieux informés) est l'hypothèse selon laquelle chacune des espèces animales et végétales -ou parfois seulement l'homme- ne résulte en fait pas de millions d'années d'évolution, mais d'une création. Dans la quasi-totalité des cas, cette création est attribué à un dieu, le plus souvent le dieu des religions abrahamiques, quoique certains l'attribuent aussi aux aliens. Ou a des aliens déguisés en dieux.

Le fait que l'existence de l'évolution ait été plus que prouvée (on a même vu l'évolution se produire, répondant à la sempiternelle -et imbécile- question des créa : "Comment savez-vous que l'évolution existe ? Vous étiez là ?") n'est d'aucune importance pour les tenants de cette idée bancale à plus d'un titre. Guère plus que le fait que la totalité de leurs arguments ait été défaite logiquement et/ou scientifiquement. Je ne suis moi-même pas biologiste ou généticien, je ne peux même plus me considérer comme scientifique depuis l'incident d'Oslo, mais je vois tout de même un sacré paquet de problèmes soulevés par l'ID, dont je vais aborder certains dans le présent article, le tout dans l'indifférence et la maussade humeur.

1. "Tout a été conçu intelligemment !"


Le principe de base de l'Intelligent Design est, grosso modo, que la vie sur Terre est simplement trop complexe pour avoir résulté du "hasard" (même si évolution et hasard n'ont à peu près rien à voir). Selon les IDéologues, la Nature -avec un grand N- est trop parfaite, ses espèces trop équilibrées et son aspect trop esthétiquement agréable pour que tout ça ne soit pas le résultat d'une intelligence supérieure.

Ci-dessus : la beauté de la nature.

Moi, je veux bien. Passons sur le fait que la "beauté de la nature", c'est très subjectif et très très discutable, mais il va encore falloir m'expliquer pourquoi cette intelligence a cru bon de provoquer cinq extinctions massives (ou comment elle a pu ne pas les arrêter) sur notre bonne planète, faisant à chaque fois disparaître entre 50 et 95 % des d'espèces. Loin de moi la prétention d'être moi-même une intelligence surhumaine, mais ça ne me parait pas très intelligent, tout ça.

En outre, si ce monde vivant et tout ce qu'il y a dedans a été conçu intelligemment, comment se fait-il qu'il n'y ait apparemment que l'humain pour se soucier de son impact sur l'environnement ? Ni les parasites, ni les virus* ni les algues vertes nées de la pollution ne semblent avoir quoi que ce soit à faire du fait que leur seule existence menace celle de milliers d'autres espèces.

IDéologue qui me lit, je t'en supplie, ne me réplique pas que les voies du Seigneur (ou des zitis) sont impénétrables. T'aies-je insulté, moi ? Oui, et alors ?

2. "C'est une intelligence que je peux imaginer qui a tout créé !"


Une autre chose -globalement mineure- que je ne comprends pas, c'est que cette intelligence surhumaine n'est que rarement considérée comme hors de portée de la compréhension de ces pauvres et humbles mortels que vous êtes nous sommes. Nous n'avons pas exploré un milliardième de pourcent de l'univers, il y en a encore une large partie que nous ne comprenons pas, mais apparemment, nous en savons déjà suffisamment pour conclure qu'il a été créé par une super-intelligence qu'il est possible de concevoir humainement.

Et en plus cette intelligence semble s'intéresser particulièrement à nous, simples humains perdu sur une minuscule planète bleue située dans la banlieue d'une mini-galaxie appelée Voie Lactée. Si ça c'est pas être attentionné !...

"La seule étoile importante, c'est la 114ème en partant de la gauche. Les autres, je ne les ai créées
que pour faire nombre."

3. "Cette intelligence, c'est nécessairement un dieu !"


Et puisque peu d'IDéologues ne semblent vouloir empocher un quelconque prix d'originalité, on attribue comme identité à cette intelligence-surhumaine-au-comportement-tout-de-même-vachement-humain-et-compréhensible-des-mortels celle d'un dieu. Passons sur le fait que le bon vieux "God did it", c'est un peu l'équivalent du "c'est le majordome le coupable" dans un roman d'enquête, ou du "tout ça n'était qu'un rêve" dans la littérature de gare. Les dieux ont tous un point commun : ils sont très, très humains. Que ce soit par leur comportement (salut Zeus !) ou par leur apparence (vous vous souvenez de celui qui nous a fait à son image ?).

Cela rejoint mon point précédent : décidément, il semblerait que nous soyons la seule chose importante dans cet univers ! Et mon médecin qui m'a dit d'éviter la pression et les responsabilités tant que mes problèmes pulmonaires ne sont pas résolus...

Dieu faisant un doigt d'honneur à la Terre.


4. "... et ce dieu ne peut être que mon Dieu !"


Parce que bon, quitte à donner dans l'humanocentrisme et l'égocentrisme, autant y ajouter une dose d'ethnocentrisme pour faire un combo parfait.

N'as-tu jamais remarqué, en effet, que les apôtres de l'ID version divin ne partent jamais du pré-supposé que le dieu qui a tout créé n'est pas leur dieu ? Il est vrai qu'il serait assez peu logique pour des créationnistes musulmans de penser que c'est Shiva qui est à l'origine du ciel et de la terre, mais tout de même.

Pourquoi ce ne serait pas Godzilla qui aurait créé l'Univers dans le seul but d'avoir quelque chose à détruire, comme le joueur de Sims moyen ? Y'a God, dans son nom, vous croyez que c'est une coïncidence ? Avouez que cette hypothèse expliquerait tout, surtout le nombre de catastrophes naturelles qui s'abattent sur nous.
La seule vraie réponse (outre l'Ironie Cosmique)

Oui, je sais, à proprement parler, les virus ne sont pas vraiment des êtres vivants.

26 mai 2014

4 morts qui prouvent que l'Ironie Cosmique existe (et a un sacré humour)

Jeune impie de ton espèce, sans doute vis-tu dans l'incroyance de l'existence de notre divinité l'Ironie Cosmique dont je suis le seul et unique prophète parce que j'ai dit "preum's". Sans doute crois-tu en de fausses divinités tels que ce dieu qui ne répond qu'au nom de "Dieu", ou en des concepts tels que le karma. Comme tu es loin de la Vérité™ !

Car l'Ironie Cosmique est la seule vraie déesse. Et un jour, elle nous punira tous d'une façon ironiquement appropriée, car le sadisme et l'humour très très noir sont ses atouts. Les poignardeurs se feront poignarder, les violeurs se feront violer et la NSA se fera espionner. Ainsi soit-il.

Jeune impie, tu n'y crois toujours pas ? Voici quatre preuves des plus évidentes qui ébranleront ta foi.

(Si tu m'as pris au sérieux, tu es encore plus con que tu n'en as l'air)

1) Un homme opposé aux lois sur le port de la ceinture de sécurité meurt dans un accident de voiture


Il existe des gens assez braves pour mourir pour défendre leur cause. C'est plutôt une bonne chose. Ce qui ne l'est pas, c'est qu'il existe des gens assez stupides pour mettre leur vie en péril en tentant de prouver une cause idiote. Voici une personne qui appartenait à cette catégorie de gens qui meurent bêtement en prouvant involontairement que leur argument ridicule est, justement, complètement ridicule.

Cette histoire triste -ou franchement marrante selon la façon dont on décide de l'aborder- à pour personnage principal Derek Klieper, vivant jadis au Nebraska, aux USA. C'était un homme pour qui les lois obligeant un individu à porter sa ceinture de sécurité étaient une violation des libertés privées. D'après son père, c'était pourtant quelqu'un de brillant et un bon élève à l'université qu'il fréquentait.

L'histoire de sa vie connut une fin brutale lorsque, passager d'une voiture roulant à belle vitesse sur une route gelée, il fut éjecté du véhicule lorsque celui-ci tomba dans le bas-côté. En effet, à la surprise de personne, Klieper avait décidé de ne pas porter sa ceinture ce jour-là. Eh oui, cet homme n'était pas seulement opposé aux lois forçant à mettre sa ceinture, il était aussi opposé au fait même de mettre sa ceinture, étant sans doute venu du passé depuis une époque où les voitures n'allaient pas à plus de 10 km/h.

Dans un genre similaire, Snopes nous rapporte aussi l'histoire de la mort d'un motocycliste opposé au port du casque à moto, qui bien sûr périt dans un accident duquel le port du casque aurait pu le sauver.

Rien n'est plus badass que de répandre sa cervelle sur la chaussée.

2) Christine Maggiore, négationniste du SIDA, meurt du SIDA


De toutes les théories du complot à saveur pseudo-médicale jamais inventées, le négationnisme du SIDA est sans doute la plus dangereuse, avec le déni de l'existence des bactéries et autres virus (oui, bien sûr que ça existe. Sous-estimes-tu encore l'idiotie de tes pairs, jeune lecteur ?). Celui-ci affirme en effet que le SIDA, c'est pas pour de vrai, que le VIH c'est rien qu'une invention mesquine de ses sales médecins de Big Pharma qui font rien qu'à vouloir s'en mettre plein les poches, juré, c'est écrit dans mon dernier livre Comment je vais tous bien eu aux éditions S. Kro & cie, disponible dès aujourd'hui chez votre marchand de poudre aux yeux pour la modique somme de 39 € 90 TTC.

L'une des plus célèbres apôtres de cette doctrine était Christine Maggiore, qui défraya la chronique du petit monde des négationnistes parce qu'elle était séropositive et semblait malgré son opposition à toute forme de traitement en parfaite santé. Elle fonda un groupe de négationnistes appelé Alive & Well. Lecteur, sens-tu venir l'Ironie Cosmique dans cette histoire ? Elle mit même au monde une fille, Eliza Jane. Celle-ci mourut à l'âge de trois ans d'une pneumonie qu'elle avait contracté parce que son système immunitaire s'était trouvé affaibli. Hmmm, par quoi ? Je me le demande.

Une fois de plus, la réalité n'était qu'une chose triviale et sans importance face à la foi, dans ce cas-ci la foi de Maggiore en l'inexistence du SIDA. Celle-ci continua de professer sa croyance que le VIH n'est qu'un piège à cons, mais qu'elle-même était trop intelligente pour y tomber. Insérez ici un rire grinçant. Elle embaucha un toxicologue pour animaux (!), Mohammed Ali Al-Bayati, pour affirmer que sa fille n'avait jamais eu le SIDA, et que c'était en fait une réaction extrêmement rare à l'amoxicilline qui l'avait tuée.

Il fut rapidement démontré que tout cela n'était que foutaise, et que Al-Bayati, bien que s'auto-proclamant "pathologiste", n'avait aucune qualification dans ce domaine, et qu'enfin Eliza Jane était bien morte du SIDA. Et dans d'autres révélations fracassantes, on découvrit également que l'herbe était verte, que le feu était chaud et que les négationnistes du SIDA étaient aussi ignares en biologie que dangereux.

Sans surprise aucune, Christine Maggiore mourut elle aussi du SIDA l'année suivante. La communauté du négationnisme de cette même affection se rallia pour nier l'évidence une fois de plus, prouvant que si la foi ne peut pas réellement déplacer des montagnes, elle peut au moins les dissimuler (cherche la cause de la mort de Maggiore sur le propre site de son organisation -elle toujours en vie- et bon courage...). C'est toujours ça.

Ci-dessus : une pure fiction, juré !

3) Bruno Gröning, guérisseur du cancer, meurt d'un cancer


Je n'aime jamais me réjouir de la mort de quelqu'un, sauf en quelques rares exceptions : quand c'est quelqu'un que j'aime pas, quand il l'a bien mérité, quand c'est vraiment très drôle, quand j'ai rien de mieux à faire et quand je suis bourré. Aujourd'hui, j'ai rien de mieux à faire. Pour changer.

Réjouissons-nous donc ensemble de la mort d'un pseudo-guérisseur ayant passé toute une partie de sa vie à prétendre pouvoir guérir tout un tas d'affection, des rhumatismes jusqu'au cancer... et qui mourut d'un cancer. Cet homme s'appelait Bruno Groening. Notons au passage que même aujourd'hui ses apôtres évitent de préciser de quoi il est mort, et surtout d'expliquer comment un guérisseur n'a pas réussi à sa guérir lui-même, se contentant de sous-entendre vaguement que c'est parce qu'il était trop altruiste pour ça, ou que c'est encore de la faute de Big Pharma et de ses associés les vilains médecins, mais que même eux ne peuvent réduire au silence la suprématie de leur gourou.

Son flyer, obtenu, grâce au site Megabambou.
(cliquer dessus pour le voir en grand)

4) Le Marlboro Man meurt d'un cancer du poumon


Qu'on se le dise, l'Ironie Cosmique est une déesse vengeresse (et même franchement vindicative), et le cancer est son arme favorite. C'est ce que découvrit à son grand dam l'acteur David McLean, qui fut plus connu sous le pseudonyme de Marlboro Man pour les publicités pour la célèbre marque de cigarettes dans lesquelles il figura, l'objectif de ces pubs étant bien sûr de montrer que la seule façon de ressembler à cet homme au look de cow-boy très macho était de fumer comme un pompier. Ce que McLean lui-même faisait.


Il faut dire que le bonhomme vivait à une époque où l'on était moins au fait des dangers du tabagisme, et où on croyait encore dur comme fer que la nicotine, il n'y avait rien de tel pour décrasser les poumons (on utilisait même le tabac comme médicament à une époque, après tout). Enfin, bref, en peu de mots, cet amour de McLean pour les clopes finit par le rattraper lorsqu'il développa un cancer des poumons dont il mourrut en 1995. Inutile de préciser que son image n'est plus apparue dans un spot de pub pour la moindre cigarette depuis.

19 mai 2014

Mat

C'est de nouveau l'heure d'une petite histoire. Vous êtes contents, les enfants ?
[silence]
Eh ben tant pis pour vous.

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Les deux joueurs se faisaient face autour de l'échiquier, assis sur un banc public à la peinture écaillée. Le temps s'était couvert, mais il faisait encore assez doux pour justifier une partie en plein air. Le parc était désert, à l'exception d'une mère et de ses deux enfants, et de l'occasionnel passage d'un balayeur ou d'un gardien de la paix. Un petit vent froid se levait par moments.

L'un des deux joueurs prit un pion noir et un blanc dans ses deux mains, les mélangea dans son dos, puis présenta ses deux poings fermés à son adversaire. Celui-ci sélectionna sans hésiter la main droite, et ne sourit ni ne montra la moindre surprise lorsque l'autre dévoila un pion blanc.
"Bon. A toi l'honneur." déclara l'autre joueur en lui tendant le pion.

Le joueur aux pièces blanches ouvrit avec le pion D2 en D4 en réprimant un frisonnement. Ses doigts tapotaient sur le bord de l'échiquier, traduisant une certaine impatience. Son collègue répliqua en sortant son cavalier G8 en H6. Il frissonna et desserra sa cravate rouge qui offrait un contraste étrange avec son costume beige. Puis il fixa son adversaire, la mine maussade.
"Ca ne t'arrive jamais de te souvenir ? demanda-t-il après un moment.
L'autre resta silencieux une courte seconde, puis avança le pion E2 en E4.
- De quoi ?" dit-il sans lever les yeux du jeu.

L'homme en costume le considéra en soupirant. Il s'attarda sur la mise décontractée de son collègue : un vieux blue jean décoloré, des baskets dont l'une des semelles commençait à bailler et un T-shirt noir portant l'image d'un drapeau tibétain barré de la mention "Banned in China" en rouge. Son visage, vide de tout expression, oscillait doucement sur le même tempo que le rythme battu par ses doigts. Ses cheveux, longs et noirs, lui retombaient par occasions sur le front.
"Tu sais bien, répondit l'homme en costume en bougeant son autre cavalier noir. D'avant.
- Non, répliqua l'autre avec un léger sourire, et c'est franchement tant mieux."

Tandis que l'homme en T-shirt avançait à son tour une pièce (un cavalier auquel il fit sauter les rangs de ses propres pions blancs), son collègue posa une main sur son menton, masquant la moitié de son collier de barbe roux taillé avec minutie. Il avança sa main libre au-dessus d'un de ses cavaliers et dit :
"Moi, ça m'arrive tout le temps.
- Essaye les médocs, déclara l'autre, caustique.
- J'ai des regrets, répliqua l'homme en costume beige avec un soupçon de reproche dans le ton. C'est humain, non ?
- Justement, dit son adversaire avec légèreté. Laisse ça aux humains."

La partie avançait plus rapidement, désormais. Un vent frais commençait à se lever. Plus loin, la mère appela ses deux enfants et leur fit signe de revenir vers elle. Ceux-ci ne parurent pas en tenir compte et coururent jouer plus loin en riant. L'homme en T-shirt sortit une barre chocolatée d'une de ses poches tout en considérant son fou d'un air absent.
"Je sais que le concept d'humanité t'est totalement étranger, mais... commença l'homme aux cheveux roux.
- Tout autant qu'il t'est étranger, coupa son collègue, devenu soudain sérieux. Tout autant que le concept de "félinité" doit être étranger à un chien, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
L'homme en beige ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Il observa un court moment de silence, puis reprit :
- Dans le fond, tout ce que j'ai fait, c'est fuir comme un rat tandis que le bateau sombrait.
- Tu n'as pas fui, tu n'es pas un rat, et le bateau n'a jamais sombré, répondit calmement son adversaire en ramenant ses longs cheveux noirs derrière ses oreilles.
- C'est toi qui le dis ! répliqua l'homme en costume en croisant les bras.
- Exact, c'est moi qui le dis. Et mon point de vue est nécessairement biaisé. Tout comme le tien, en fait.
L'autre poussa un soupir exaspéré. L'homme au t-shirt abandonna un instant la partie de le regarda droit dans les yeux.
- Écoute, dit-il, on va pas recommencer à débattre là-dessus. Tu as pris la seule décision rationnelle. Là-haut, tu ne faisais jamais que des conneries. Tu avais trois solutions : jouer les autocrates omnipotents, et dans ce cas l'humanité deviendrait entièrement dépendante de toi, continuer à glandouiller, et rester dans la situation absurde où tu t'es fourré depuis va savoir combien de temps, ou... lâcher l'éponge.
Il conclut sa sentence en éliminant un fou noir avec sa tour blanche.
- Tu as une façon de présenter les choses sous un jour tellement simpliste !... lança l'homme en costume.
- C'est bon, trancha son interlocuteur, tu sais comme moi que le nombre de saloperies que t'as faites, volontairement ou non, se chiffre en centaines, tandis que le nombre de trucs à peu près sympa que t'as faits dans le même temps se compte sur les doigts d'un amputé. Pas pour rien que j'ai frappé du poing sur la table.
- J'ai fait des erreurs ! Et alors ? Au moins, moi, j'ai essayé !
- Essayé quoi, tête de lard ? répliqua l'homme en t-shirt noir en retournant à ses pièces. T'avais deux modes : dogmatisme ou indifférence. Parfois les deux en même temps. Ajoute à ça le fait qu'il a fallu attendre que le nombre de tes victimes atteigne royalement la dizaine de millions pour que tu commences à te remettre en question, et ça te fait un beau palmarès."

La réplique fit mouche. Le barbu se prit le front à deux mains, les coudes appuyés sur les cuisses. Après une longue hésitation, l'homme aux cheveux bruns se pencha vers lui et reprit sur un ton d'excuse :
"Damien...  "
Le barbu en costume beige sursauta, se rappelant qu'il s'agissait désormais de son nom. C'était une idée de son collègue, d'ailleurs. Une référence humoristique à un obscur film, parait-il. Son collègue avait lui préféré se faire appeller "Lucas", nom qu'il avait apparemment choisi au hasard.
"Damien, répéta l'autre. Excuse-moi. Je te considère pas comme quelqu'un de mauvais. Le fait même que tu aies fini par changer d'avis et accepter la réalité, ça prouve au moins que tu as bon fond. Et que tu n'es pas aussi buté que ton ex-fan-club.
- Eux ! répondit Damien en reniflant d'un air maussade. Plus royalistes que le roi, hein ?
- Ouais, dit Lucas en pouffant. Je crois qu'on peut dire ça."

Une petite pluie fine commença à tomber. Lucas poussa un juron en regardant le ciel. Damien sortit rapidement un parapluie d'une petite serviette qu'il cachait sous le banc.
"Bon, on oublie la partie, dit Lucas. On va se faire une toile ?
- Je n'ai pas vraiment le moral à ça...
- Allez... Oh, attends, j'ai une meilleure idée. Je vais t'offrir un bouquin.
Damien réfléchit un instant, puis se força à sourire.
- D'accord. Tu veux que je note les emplacements de nos pièces pour la prochaine partie ?
- Pas la peine, t'étais "mat" en trois coups, répondit Lucas en retrouvant son habituel ton léger, avant de courir se mettre à l'abri tandis que la pluie redoublait."

Damien déploya son parapluie tout en regardant avec stupéfaction l'échiquier. Mat ? Son compagnon était-il sérieux ou plaisantait-il encore ? Pourtant, son roi pouvait encore... Non, à moins que la tour blanche... Mais là encore, son fou...
"Oh ! cria Lucas. Tu viens ?"

Quelques instants plus tard, abrités au sec dans une librairie, les deux compères déambulaient dans les rayons, s'arrêtant parfois pour attraper un ouvrage et en parcourir rapidement la quatrième de couverture.
"Bon, d'accord, fit soudain Damien. Comment est-ce que j'étais "mat" ?
- Hein ? marmonna Lucas en relevant le nez d'une bande dessinée. Ah ! Confidentiel, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
- Je ne savais pas que tu étais aussi doué à ce jeu. En fait, je croyais que tu n'y jouais que pour me faire plaisir.
- C'est le cas, confirma Lucas. Enfin, j'y joue aussi parce que... eh bien, j'apprécie l'ironie de la chose.
- Quelle ironie ? Demanda Damien, interloqué.
- Bah, tu sais, les noirs contre les blancs, le bien contre le mal, tout ça... Et surtout, les rois.
- Quoi, les rois ?
- Penses-y comme ça. En gros, ils sont les pièces les plus importantes, ils n'ont rien au-dessus d'eux... Et pourtant, ils sont extrêmement limités dans leurs mouvements, et ne servent globalement à rien durant la partie. Ça te rappelle rien ? Et pour pousser la métaphore plus loin, j'ajoute qu'on sacrifie un paquet de pièces pour les protéger.
- Je crois que j'ai compris l'idée... répondit Damien, la mine sombre.
- Et ce qui m'amuse le plus c'est que malgré ça, ils sont tout aussi manipulés que les autres. Alors qu'ils sont censés être au-dessus de tout.
Damien s'arrêta, son visage figé dans une expression d'étonnement.
- Est-ce que tu sous-entendrais par là qu'il y a quelque chose au-dessus de nous ?
- Tu penses que non ? se contenta de répondre Lucas.
- Je sais que non, corrigea Damien.
- Tu es bien catégorique.
- Évidemment que je suis catégorique ! rétorqua Damien avec impatience. Je suis quand même bien placé pour le savoir !
- Peut-être, mais si la... chose au-dessus de toi t'avais créé de façon à ce que tu croies cela ? Hum ? Si ça se trouve, il y a plein de créations parallèles, avec pour chacune un "toi" et un "moi" parallèle...
- Et qui serait au-dessus de tout ça, alors ?
- Un dieu, j'imagine, et sûrement que lui aussi aurait un autre dieu au-dessus de lui, et cætera, et cætera...
Le ton de Lucas était tout aussi insouciant, mais Damien croyait percevoir dans sa voix une nette touche d'amusement.
- C'est ce que tu crois ? demanda Damien.
- Peu importe. Pour en revenir à ce dont on parlait, tu as deux choix face à tes regrets, comme tu les appelles. Soit tu continues de t'enferrer dans un débat dont tu sais aussi bien que moi qu'il ne débouchera jamais sur rien puisque tu ne pourras jamais savoir que tu as raison ou non, soit, eh ben... Tu profites de ce que tu as, quoi.
Damien soupira et haussa les épaules.
- Il va me falloir du temps pour d'adopter ta philosophie..." murmura-t-il.

Lucas ne l'entendit pas. Son attention avait été reportée sur un CD de musique dont il s'empara avant que Damien n'ait pu en lire le titre. Lucas se dirigea ensuite vers la caisse, en faisant signe à son camarade de l'attendre. Quelques minutes plus tard, tenant à la main un paquet cadeau bleu entouré de fil rouge, il le tendit à Damien.
"Bon anniversaire. C'est pas un livre, mais ça te plaira quand même."
Sans attendre de remerciements, Lucas se dirigea vers la sortie de la boutique.

Dévoré de curiosité, Damien déchira le papier-cadeau. Une couverture noire apparut. Le titre s'en détachait en lettres blanches :

Joan Osborn – What if God was One of Us

 Damien ne put retenir un sourire.