21 octobre 2013

Fuck You Texas

Aujourd'hui dans "j'apprends la subtilité sur Internet", voici une vidéo qui emmerde à la fois le Texas, les épileptiques et le bon goût en général.


Think 'bout a place that's hot as hell
'Bout drier than the bottom of a dried-out well
And I think ya know what Texas means to me
Ain't got no money, ain't got no jobs
The banks are all too poor to rob
And I'd like to say one thing 'fore I leave

Fuck you, Texas, and fuck your Lone Star Beer.
Fuck that fucking Alamo, and fuckin' long-horned steer.
Fuck every Dallas cowboy, that ever draw'd a breath
Fuck you, Texas, and fuck you plumb to death!

I work'd my fingers to the bone
But I knowed I wrote some pretty good songs
'Til I drew the wrath of the Texas LCB
They jerked my tunes off the honky-tonk
With a bullshit list of 'do's and 'don't's
They lock'd 'em up, and throw'd away the key.

Well, fuck you, Texas, and fuck your Lone Star Beer.
Fuck that fucking Alamo, and fuckin' long-horned steer.
Fuck every Dallas cowboy, that ever draw'd a breath
Fuck you, Texas, and fuck you plumb to death!

Well, I'm headed for the border line
Anyplace else'll be just fine
As long as there's a job and a decent place to sleep
Get up each mornin' with my ass-a-flexin'
And give birth to yet another Texan
And write a song as he slips between my cheeks!

So, fuck you, Texas, and fuck your Lone Star Beer.
Fuck that fucking Alamo, and fuckin' long-horned steer.
Fuck every Dallas cowboy, that ever draw'd a breath
Fuck you, Texas, and fuck you plumb to death!

Fuck you, Texas, and fuck your Lone Star Beer.
Fuck that fucking Alamo, and fuckin' long-horned steer.
Fuck every Dallas cowboy, that ever draw'd a breath
Fuck you, Texas, and fuck you plumb to death!

14 octobre 2013

Le rôlisme, Satan, les chrétiens et tous leurs amis

Lecteur, lectrice, il est temps qu'on se parle honnêtement. Pratiques-tu le JDR ? Eh bien, tu dois cesser sur-le-champ ! Car à la Vérité, le rôlisme n'est pas comme tu le crois naïvement un loisir innocent et inoffensif. Ainsi que tu vas le découvrir, ce n'est rien moins que l'incarnation du Mal sur Terre, une manœuvre de Satan pour berner les jeunes ! Pour mieux comprendre ce danger, lis cet article, Jésus te l'ordonne. Et moi aussi.

1. Échec critique au jet de sauvegarde contre les fumisteries


Notre histoire idiote commence aux États-Unis ("comme beaucoup d'histoires idiotes", oui, oui, je sais), alors que Gary Gygax produisit l'un des tous premiers jeu de rôles, le célèbre Donjons et Dragons. Peu de temps après à sa sortie, le jeu provoqua une controverse. Et par controverse, j'entends que deux-trois glandus de la droite chrétienne conservatrice, visiblement terrassés par l'ennui, ont décidé qu'ils étaient offensés et de prêcher à qui voulait bien l'entendre que D&D était un jeu maléfique qui corrompait la jeunesse, la menant à la dépression, au suicide, et peut-être même à voter socialiste.

6-6-6 ! Coïncidence ?
En effet, ce jeu mettait en scène des créatures surnaturelles et permettait aux joueurs de posséder des pouvoirs magiques, les encourageant de toute évidence à pratiquer la sorcellerie ! Les joueurs sont mêmes encouragés à incarner des personnages vénérant des dieux qui -horreur blasphématoire ultime !- ne sont pas Jésus Christ ! Pire encore que tout cela, ces ouvrages maléfiques contenaient des images pornographiques, à savoir deux ou trois images de succubes et de femmes nubiles en petite tenue (c'est pas pour dire, mais même dans la Bible on trouve plus dégueulasse).

Ces reproches, au demeurant ridicules, sont particulièrement ironiques pour qui sait que Gary Gygax était un chrétien pratiquant et que son JDR empruntait énormément à la mythologie chrétienne (des paladins ? des clercs ? des anges* ? c'est sûr que ça sent tout de suite le satanisme), reprenant même sa conception de la moralité (avec les axes très archétypiques Loyal/Chaotique et Bon/Mauvais).

La grogne anti-D&D s'amplifia encore (quoi qu'elle demeura malgré tout fortement réduite, puisque même la plupart des conservateurs ne trouvait aucun intérêt à cette histoire) à la suite de la triste histoire d'Irving Pulling, dit "Bink". Pulling était un jeune lycéen américain qui, le 9 juin 1982, se suicida d'une balle dans la poitrine, "quelques heures après qu'une malédiction lui fut lancée durant une partie de jeu de rôles" d'après la presse locale. Irving Pulling était en effet un rôliste, aussi sa mère Patricia décida de ne pas chercher plus loin la cause de la mort de son fils et se lança aussitôt dans une croisade contre les horreurs innommables du rôlisme.

Pour cela, Patricia Pulling déposa plusieurs plaintes et intenta plusieurs procès à la société TSR Inc., créateurs de D&D, les accusant d'avoir mené son fils au suicide. Elle fit également de même envers le principal du collège de son fils, l'accusant d'avoir placé une "malédiction D&D" sur feu Irving. Surprise totale, les plaintes de Patricia furent déboutées.

Un rituel satanique (mené par un rouquin, de surcroît !).

Refusant de s'en tenir là, Patricia Pulling fonda l'organisation Bothered About Dungeons & Dragons . Non content d'emmerder les joueurs de D&D**, leur objectif était de cibler "la musique rock violente et liée à l'occulte, les jeux de rôles utilisant la mythologie occulte (sic) et la vénération de dieux occultes dans des situations de roleplay comme D&D, le satanisme adolescent impliquant le meurtre et le suicide, et la pornographie car elle affecte les comportements des adolescents et modifie leurs attitudes et leurs valeurs d'une façon négative.". Pulling, dans un accès de subtilité sur lequel le militant extrémiste moyen serait bienvenu de prendre exemple, affirma même que D&D utilisait "le vaudou, le meurtre, le viol, le blasphème, la folie, la perversion sexuelle, l'homosexualité, la prostitution, le cannibalisme, la divination, etc." et que le JDR en général entraînait 500 suicides par an. L'organisation publia un hilarant livret de "prévention", expliquant en détail pourquoi si tu joues à un JDR, tu finiras par violer et assassiner ton père au terme d'un rituel même pas chrétien (et ça, c'est inacceptable !).


2. Sort de Résurrection de Masse


Après la mort de Pulling en 1997, l'organisation BADD fut essentiellement dissolue. La haine anti-JDR s'effaça elle aussi... temporairement. Seul le dessinateur plus qu'à moitié fêlé Jack Chick eut le courage de s'opposer à la menace imaginaire dans une bande dessinée nommée Dark Dungeons, dans laquelle il expliqua que si vous incarnez un sorcier dans un JDR, vous obtiendrez des pouvoirs magiques pour de vrai (Jack Chick est en effet connu pour la connexion très ténue qu'il a avec la réalité).

Heureusement pour les fêlés de tous poils et de tous pays, Internet fit son entrée en scène, permettant à n'importe qui de raconter n'importe quoi et d'avoir malgré tout de l'attention. C'est ainsi que, de nos jours encore, nombre de furieuses andouilles avec beaucoup trop de temps libre s'amusent régulièrement à attribuer la responsabilité de divers crimes et tragédies au JDR, sans doute parce qu'on ne peut pas tout le temps accuser l'Islam ou les Juifs, un peu d'originalité que diantre.


Ainsi, peu après la tuerie commise par Amy Bishop à l'université d'Alabama (Huntsville, USA), le journal supposément sérieux Boston Herald affirma que c'était D&D qui avait motivé la meurtrière. L'inanité de l'article ne manqua pas de déclencher des grognements d'exaspération et des éclats de rire un peu partout sur la toile. Peu de temps après, l'ultra-ultra-ultra-conservateur Pat Robertson, sans doute en mal d'idées pour animer son émission entre deux gay-bashings, décida de reprendre le flambeau de cette ânerie : "Dungeons & Dragons literally destroyed people's lives." ("D&D a littéralement détruit la vie des gens"). Mais oui, Patty, mais oui.

Mais ne sois pas jaloux des américains, jeune lecteur français. Preuve que l'exception culturelle française n'est pas une expression dépourvue de sens, nous avons une fois de plus les mêmes à la maison, grâce notamment au très catholique site Info-Sectes (je conseille également la lecture de leur article sur Harry Potter, qui démontre sans l'ombre d'un doute que le ridicule ne tue pas) ! L'impayable site Top Chrétien avait lui aussi dédié un article hallucinant (dont voici un copier-coller sur le forum de la FFJDR) sur le même sujet, avant que celui-ci ne disparaisse, ses auteurs ayant peut-être réalisé que la communauté rôliste francophone toute entière en riait à gorge déployée. Quelques morceaux choisis pour gonfler artificiellement la taille du présent article situer le niveau :

"J'ai personnellement pris beaucoup de plaisir à raconter des albums pour enfants et à animer des « heures du conte » avec de jeunes enfants en bibliothèque, mais il y avait une règle d'entrée et de sortie de l'imaginaire, quelquefois matérialisée par ces paroles : « Cric-crac : mon histoire sort du sac » et à la fin de la séance : « Cric-crac, mon histoire retourne dans le sac »."
"[Le rôliste] peut même, dans des cas extrêmes, « passer à l'acte » et tuer quelqu'un, sans se rendre compte de la réalité et de la gravité de son geste.
"il peut finir par croire qu'il est maître de sa destinée, même si sa vie personnelle est un désastre, [...] il a alors une image de lui totalement faussée et peut se sentir d'autant plus mal à l'aise avec son conjoint, ses enfants, ses collègues de travail qui ne sont que de simples humains."
"Avez-vous déjà goûté à toutes sortes de drogues ou de poisons pour vous faire une « opinion personnelle » à leur sujet ? Non évidemment … Pour moi c'est juste la même chose."
Oui, tu as bien lu, cher lecteur. Cocaïne, méthamphétamine, cyanure, Warhammer 40K, même combat. Te voilà averti.


3. Invocation de liens


Roleplaying Games and Satanism, un article très exhaustif (tout en anglais) de l'écrivain Michael Stackpole, lui-même rôliste de longue date.
- Le jeu de rôles et la droite chrétienne aux États-Unis sur le site Places to Go, People to Be.


Ajoutons d'ailleurs que Gygax ne voulait pas voir les anges figurer dans la liste des monstres, car l'idée que des joueurs puissent tuer des anges ne lui plaisait pas.
** Ca, encore, je pourrais le comprendre, puisque je fais souvent la même chose. Mort au système D20 ! Mort à l'OGL ! Le Basic Roleplaying System triomphera !

1 octobre 2013

Lettre ouverte à la mairie de Guidel

Madame, monsieur,

Suite aux évènements ayant eu lieu du 11 au 16 septembre 2013 dans la commune de Guidel, je vous adresse ce courrier afin de vous communiquer mes plus sincères excuses. Cette démarche m'a été dictée à la fois par ma conscience et ma morale, et en aucun cas comme le veulent certains bruits de couloir par un ordre de justice rendu au 28 septembre me menaçant d'internement forcé et définitif à l'hôpital psychiatrique de Charcot. Je vous prie de ne pas prêter attention à ces ragots, surtout à ceux émis par maitre Julien Guillemot, procureur général de la République. Il est évident qu'il ne sait pas de quoi il parle.

Avec un si joli littoral, on aurait pu croire que plus de gens
auraient pensé à fuir par la voie des mers. Maiiiis non.
Avant toute chose, il convient que j'explique quel était l'objectif de l'étude sociologique que j'ai mené dans votre charmante petite ville, pour ceux d'entre vous qui l'ignorent encore où n'en connaissent que la version déformée par la cabale anti-intellectualiste qui s'est opposée à moi et à mon expérimentation. J'en profite pour dire que je n'apprécie pas le terme de "folie meurtrière" que certains ont employé pour qualifier ladite étude, guère plus celui de "monstrueux bordel", termes que je juge politiquement incorrects. J'ose croire en effet que même les études scientifiques ont leur sensibilité. De la même façon, j'avoue avoir été choqué par l'emploi à mon endroit de qualificatifs tels que "salopard" ou "psychopathe". Est-il encore besoin de rappeler que la sociopathie et la psychopathie sont deux conditions très différentes ? En outre, le terme de psychopathe est impropre, et peut être considéré comme injurieux. Je lui préférerais l'expression "personne ayant une interprétation différente du contrat social". Mais peu importe.

Mon objectif, pour en revenir au sujet, était tout ce qu'il y a de plus altruiste. J'oserais même dire tout ce qu'il y a de plus humanitaire : il s'agissait de tester la capacité de la petite ville de Guidel à résister à une invasion de zombies. Il m'est apparu en effet à la suite de plusieurs courriers échangés avec monsieur le maire, son adjoint, ainsi qu'avec le commissaire de police local et le chef des pompiers, qu'aucun responsable de votre ville ne semblait faire grand cas de la possibilité d'une attaque de zombies. En fait, trois des personnes sus-mentionnées se sont ouvertement moqué de moi et la quatrième m'a demandé si j'étais certain de bien prendre mes médicaments tous les jours.

Comme l'a dit un très grand monsieur dont le nom m'échappe -et dont j'écorche sans doute les paroles, la faute à ma mémoire défaillante et au fait que dans le fond j'en ai pas grand-chose à foutre-, "on reconnait un génie au fait que les imbéciles se conjurent contre lui". Les imbéciles sus-cités s'étant ligués contre moi, j'en conclus tout naturellement que j'avais parfaitement raison.


C'est donc suite à cette déduction de pure logique que je lançais mon étude le 3 septembre. On m'a demandé pourquoi j'ai choisi la petite ville littorale de Guidel (Morbihan, Bretagne), ou pour reprendre l'expression qui fut employée, pourquoi je n'ai pas décidé "d'aller foutre mon bordel ailleurs, au fond d'un précipice par exemple". Tout d'abord, je m'étonne d'avoir à expliquer qu'un précipice est un cadre qui ne se prêterait absolument pas à ce genre d'étude. Ensuite, plusieurs facteurs se sont avérés déterminants dans mon choix final : premièrement, le fait que Guidel est une ville de petite taille (10.359 habitants) et dont la densité de population était dans la moyenne française, ce qui en faisait donc un sujet de test presque idéal, ne serait-ce que parce que ça ne ferait pas une grande différence si jamais elle venait à être rasée par l'armée dans le cas -peu probable- où l'étude tournerait mal. Mais, ce qui est plus important, je me foutais pas mal de sa population, évitant ainsi un possible biais de ma part. Très important, ça, le double aveugle.

L'expérience fut donc lancée au matin du mercredi 11 septembre, à l'occasion de rien de spécial, puisque comme chacun sait, il ne se passe jamais rien d'important au mois de septembre. Je tiens à remercier plusieurs personnes qui ont contribué -certes bien involontairement- au bon déroulement de l'expérimentation. En premier lieu, les services de diffusion de messages d'urgences de la municipalité locale, dont la sécurité informatique nullissime m'a permis de remplacer leur musique d'ascenseur sans intérêt par un faux flash d'information relatant une attaque de morts-vivant sur tout le territoire français. On me dira sûrement que le piratage est un crime, ce à quoi je répondrais que ce n'est pas du piratage de se connecter à un compte dont le mot de passe est "motdepasse". Mais c'est un autre débat.

En deuxième lieu, je voudrais remercier les nombreux pochtrons que j'ai ramassé dans divers caniveaux cette même matinée afin de les déguiser en zombies avant de les relâcher en plein centre-ville. Les tâches de vinasse et de vomi sur leur visage et leurs vêtements, combinés à leur air hagard, leur démarche de manchot empereur rongé du bulbe et surtout leurs grognements donnèrent vraiment un air authentique à leur déguisement. En revanche, je m'excuse de ne pouvoir être en mesure de leur donner la bouteille de rouge que j'avais promis à chacun, et ce pour la bonne raison que les dépouilles de la plupart d'entre eux n'ont toujours pas été retrouvées. Pas de sépulture, pas de biture.


L'expérience fut interrompue le 16 septembre (un lundi, comme par hasard !), soit 358 jours avant la fin prévue initialement, par l'intervention très inopportune de la brigade de gendarmerie mobile menée par la capitaine Georgette Petitjean. Je passerais volontiers sur les évènements de ce jour, y compris ma fuite désespérée -et vaine- face aux forces de l'oppression étatique, pour passer directement à la partie que, j'en suis sûr, vous attendez tous avec impatience : les résultats de l'étude. Eh bien, je n'irais pas par quatre chemins : je suis profondément déçu de voir que la population guidéloise n'est tout simplement pas préparée à une attaque de zombies. Je suis aussi choqué et surpris que vous.

Dans l'ensemble, les différents comportements des sujets de l'étude peuvent être regroupés en quatre grandes catégories que je vais explorer céans.

La première catégorie est celle que j'appellerais la catégorie des briscards, parce que c'est pas tous les jours que j'ai l'occasion d'utiliser ce mot. Cette catégorie (composée d'environ 2 % de l'ensemble des sujets de test) inclut les personnes qui surent le mieux faire face au danger, sans nul doute grâce leur expérience due au visionnage de films de zombies. A moins qu'ils ne soient simplement cinglés, mais ça m'étonnerait. Les membres de ce groupe se montrèrent les seuls aptes à affronter la menace, grâce aux armes qu'ils parvinrent à se procurer et aux abris de fortune qu'ils fabriquèrent.

Je pense notamment au brave Clotaire M. qui se servit de sa vieille mitrailleuse AAT-52, relique de la guerre d'Algérie, pour réaliser un carton époustouflant dans son quartier. "J'ai toujours rêvé de faire ça, m'a-t-il confié alors que nous nous trouvions tous les deux menottés sur un banc du commissariat. J'ai toujours été intimement convaincu que ma bibiche était aussi efficace contre mes voisins que contre les bougnoules !". Alors bien sûr, des mauvaises langues telles que le capitaine Petitjean argueront que ce courageux vétéran n'était même pas au courant de cette histoire de zombies et qu'il avait simplement envie de zigouiller son voisinage, mais je pose la question : cela rend-il son accomplissement moins impressionnant ? J'ose croire que non !

Les plus audacieux d'entre eux parvinrent à investir le poste de police local afin d'en récupérer les armes, avant de se barricader derrière les murailles de Fort-Bloqué. Là, ils constituèrent des défenses qui n'auraient pas fait honte à Rick Grimes et fondèrent un état souverain et indépendant qu'il baptisèrent Super-Germaine-Land (leur chef voulait faire plaisir à sa femme). En fait, leurs fortifications étaient si élaborées et ils s'isolèrent si bien du monde extérieur qu'aux dernières nouvelles ils y sont toujours, et même la marine nationale n'est pas parvenue à les en déloger. Voilà la preuve, s'il fallait la faire, que les blagues les plus courtes ne sont pas nécessairement les meilleures.

Il est vrai que les terres cultivables sont un peu limitées en taille, mais à
part ça, c'est très bien situé. En plus, c'est orienté au nord.

La deuxième catégorie, ensuite, est celle dite des fuyards (environ 8 %), qui, comme leur nom l'indique, décidèrent que leur salut serait dans la fuite. Je rappellerais à ceux de cette catégorie qui me liraient que la devise de Guidel est supposément "Leal ha fidel berped" ("Loyal et fidèle toujours"), et non "barrez-vous en courant, plus vite, bon sang, plus vite". Qui plus est, on n'affronte pas un péril en lui tournant le dos, en particulier lorsque que ce péril est à la fois mort-vivant et national (et non, ce n'est pas au Conseil Constitutionnel que je fais allusion).

Il y eut pour l'essentiel deux types de fuyards. Les premiers, les plus nombreux, tentèrent de fuir en automobile. Idée particulièrement sotte et trahissant le peu de réflexion que ces gens consacrèrent à leur survie, puisqu'en prenant tous cette même décision en même temps, ils bloquèrent les routes permettant de quitter la ville. Plus intelligents qu'eux furent ceux du deuxième type qui prirent la fuite à bord de bateaux de pêche ou de plaisance, sans doute pour s'en aller fonder une société maritime post-apocalyptique comme dans Waterworld, mais sans Kevin Costner (donc beaucoup mieux que dans Waterworld). Certes, la plupart, en proie à la panique et incapables de manœuvrer des voiliers même -c'est le cas de le dire- pour sauver leur vie, s'échouèrent ou disparurent en mer, mais j'ai envie de dire que c'est l'intention qui compte.

La troisième catégorie est celle dite des pillards (environ 10 %). Catégorie inévitable s'il en est, aussi ne m'étendrais-je pas trop longuement dessus. Je ferais toutefois remarquer la stupidité de certains de ces pillards que j'ai observé voler plusieurs dizaines de bourriches d'huîtres ainsi que quatorze caisses de Côtes du Rhône 1991. Enfin, pour accompagner des huîtres, rien de tel qu'un bon petit Chablis ! Le fait que des morts sortent de leur tombe pour dévorer les vivants n'est aucun cas une excuse pour oublier son éducation ou son bon goût.

J'inclus dans cette catégorie ceux qui se contentèrent de causer des dégâts matériels sans but précis, pensant sans doute -et je ne leur donne pas tort- qu'une attaque de zombies n'est pas complète sans quelques bâtiments et véhicules en flammes pour égayer le paysage.

De toutes façons, voyons les choses en face : les HLM
sont fait pour être brûlés.

La quatrième catégorie, enfin, est celle dite des connards (environ 80 %), et regroupe l'ensemble de ceux qui n'ont rien compris au but du jeu et se sont contenté de courir dans tous les sens en hurlant durant tout la durée de l'étude plutôt que de faire quoi que ce soit de constructif. Loin de moi l'idée ou l'envie d'être inutilement méchant, mais quand une véritable invasion de zombies se produira, ils se feront tous bouffer et ce sera bien fait pour leurs culs. Peut-on encore s'étonner de l'état actuel de la recherche française, quand il se trouve parmi la population de tels ahuris se mettant en travers de la destinée manifeste de la Science par leur seule idiotie ?

En conclusion, mon étude a mis en évidence que la petite ville de Guidel n'a ni les infrastructures, ni la préparation, ni la mentalité nécessaire pour survivre au fléau mort-vivant. Naturellement, la communauté scientifique me fera remarquer qu'une étude seule n'est pas une preuve suffisante, et je suis on ne peut plus d'accord : rien de tel que la reproductibilité. Malheureusement, la cabale anti-intellectualiste susmentionnée a d'ors et déjà fait pression sur divers élus pour m'empêcher d'aider mon prochain en reproduisant mon expérience dans d'autres lieux, arguant vaguement que ce serait dangereux.

Je me défends de cette accusation inique et ridicule. Mon étude n'a tué personne. Je devrais dire : mon étude n'a tué personne proportionnellement à une véritable attaque de zombies -et proportionnellement à une guerre nucléaire, on pourrait même dire que mon étude a fait un nombre négatif de victimes, et a donc sauvé des vies. J'ajoute que les disparus ne comptent pas comme des morts, sinon on ne les aurait pas classés comme disparus, commencez pas à faire chier.

Pour terminer cette lettre, je vous invite, madame, monsieur, a réviser votre jugement à mon endroit à la lumière de ces faits évidents que j'ai évoqué, et à ne pas vous laisser dicter vos réactions par vos émotions. Si vous ne réalisez pas encore l'importance d'expérimentations de ce type, je n'aurais qu'une chose à dire : ce n'est pas parce que les mort-vivants sont des créatures imaginaires qu'ils n'existent pas. D'ailleurs, je mets au défi quiconque lira ceci de prouver l'inexistence des zombies.