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9 juin 2014

Des micronations qui existent vraiment (ou presque)

Cher lecteur, nous célébrons aujourd'hui mon centième article ! Je me sens tout chose. Je sais que beaucoup de blogs atteignent ce seuil, cette milestone en beaucoup moins de quatre ans, mais j'ai toujours valorisé la qualité plutôt que la quantité. En plus, je suis très fainéant.

Et pour ce centième article, je vais parler d'un sujet qui m'amuse beaucoup : celui des micronations. États d'une taille hilarante ainsi que l'indique leur nom, ces nations ne sont en général pas le moins du monde reconnues par quelque véritable nation que ce soit, et un bon nombre d'entre elles existent uniquement à l'état de farce, comme l'Empire Aericain qui réclame comme territoire -entre autres- l'hémisphère sud de Pluton et une planète qui n'existe pas. Mais l'existence de certaines sont défendues avec le plus grand sérieux par leurs fondateurs (et souvent unique habitant), pour des raisons diverses dont la folie légère ou un fol espoir.

Gloire au Grand Pingouin !

Mais trêve de palabres, intéressons-nous à la première de nos micronations...

1. Gay and Lesbian Kingdom of the Coral Sea Islands


Ou Royaume gay et lesbien des Îles de la mer de Corail, en bon français bien prétentieux. Créé en juin 2004 et arborant l'arc-en-ciel symbole de la LGBTQ en guise de drapeau, cette micronation fut créée comme son nom l'indique par des homosexuel(le)s comme symbole de protestation internationale. Le message envoyé semblait être quelque chose du style : "si vous continuez à nous opprimer, on ira vivre ailleurs et vous serez forcer de recommencer à passer vos nerfs sur les juifs et vous faire taxer d'antisémitisme, bien fait pour vous". Cette monarchie constitutionnelle est gouvernée par l'empereur (!) Dale Anderson Premier. Celui-ci a même nommé une "haute cour" et un "chief of justice", parce que, merde, pourquoi pas ? L'archipel demeure complètement inhabité et n'est reconnu par aucun pays, pas même l'Australie sur les terres duquel il empiète.

D'après nos sources, le taux de natalité y serait inexplicablement faible.


2. Nation of Celestial Space


Cette micronation, déclarée le 1er janvier 1949 et appelée simplement Celestia en forme courte, fut créée par l'américain James Thomas Mangan dans le but de réclamer l'espace (qu'elle comprend tout entier à l'exception de la Terre, parce que tant qu'à créer sa propre nation...) au nom de l'humanité afin d'empêcher toute autre nation de la réclamer pour elle-même, nananinanère. Bonne chance avec ça, mon pote.

Parmi les descendants et héritiers de Mangan, on compte sa fille Ruth Mangan Stump, princesse de la nation de l'espace céleste, et ses petits-fils Dean Stump, duc de Mars, Glen Stump, duc de Celestia, et enfin Todd Stump, duc de la Voie Lactée. Y'a du favoritisme, moi j'dis : y'en a qui hérite d'une planète et l'autre d'une galaxie.

La nation possède même sa propre monnaie.

Mangan effectuant le salut celestien.

3. Principauté de Marlborough


La principauté de Marlborough fut créée en 1993 non pas dans quelconque but de plaisanterie, mais rien moins que par la volonté du fermier George Muirhead -son créateur- de ne plus payer aucun impôt en devenant son propre gouvernement. L'idée, reconnaissons-le, manque peut-être d'intelligence mais pas de cran. Muirhead avait en effet tenté de remettre en cause la légalité de ses factures devant la cour suprême du Queensland, mais sans succès. Pas content, il décida que c'était pas juste et que puisque c'était comme ça, il allait faire sa propre nation, avec des tables de blackjack et des putes, et où le gouvernement de Queensland n'aurait aucune légitimité, bisque bisque rage.

Toute blague à part, 11 jours après la proclamation d'indépendance de Muirhead -devenu le prince George- et de sa femme, 120 policiers du Queensland débarquèrent sur les terres en sécession pour les en retirer de force, attirant au passage sur eux l'attention des médias du monde entier, qui les dépeignirent comme de pauvres travailleurs opprimés par un état froid et sans compassion. "The great conspiracy to enslave Australia" titra notamment le Sydney Morning Herald.

Pingres de tous pays, vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire.

4. République de Molossia


Son nom dérivant du mot espagnol morro signifiant "petite colline rocheuse", Molossia est exactement ça : une petite colline pleine de cailloux avec la maison de son fondateur Kevin Baugh dessus, devenue une micronation en 1999. La république de Molossia se présente comme une république bananière dictatoriale sous la férule militariste de Son Excellence, le Président Baugh, et couvre un vaste territoire de 5.200 m² de terrain (avec 27 habitants, ça fait quand même plus de 5 habitants au km²).

La micronation possède sa propre politique étrangère fort complexe. Ils sont ainsi en guerre contre l'Allemagne de l'Est depuis plus de trente ans. Le fait que nous n'ayons appris l'existence d'aucune bataille rangée ou d'aucun mouvement de troupes prouve la supériorité des tactiques d'El Presidente, qui parvient à tenir en respect une puissance étrangère sans même combattre au grand jour. Ceci est confirmé par le fait que l'Allemagne de l'Est n'existe aujourd'hui plus -du moins en apparence.

Le pays, quoique gémissant sous la puissante mais juste dictature du président Baugh, accueille volontiers le tourisme, ainsi que les donations dans le but de construire une plus grande république molossiène. Il possède même son propre magasin en ligne, vendant toutes sortes de T-shirt, de sacs et de strings. Ne manque pas les véritables pierres de compagnie de Molossia, animaux de compagnie pour le moins originaux et qui ne risquent pas de mettre le merdier chez toi.

Son Excellence, le Président Kevin Baugh.

5. Empire russe de Suwarow


Il y a des histoires qui n'ont vraiment de sens que lorsqu'elles sont présentées dans leur contexte. Mais cette histoire là appartient à la catégorie d'histoires qui, même présentées avec tout le contexte qu'on veut, n'aura de toute manière aucun sens. Comment trouver du sens, en effet, dans la tentative d'un certain Anton Bakov, homme d'affaires russe de son état, de restaurer l'Empire russe au milieu de l'océan pacifique, dans un atoll désert de 168 hectares des Îles Cook appelé Suwarrow ?

Se présentant comme un monarchie constitutionnelle -sans constitution, apparemment-, cet Empire se veut le successeur direct de celui de Peter I. Bakov en est le premier ministre, qui dirige les affaires -sans aucun doute très très nombreuses- du pays en attendant qu'un héritier des Romanov ne soit trouvé.

Tout ceci soulève en tous cas une question : c'est quoi l'intérêt de ressusciter l'Empire Russe si c'est pour en devenir seulement premier ministre ?

6 janvier 2014

La maladie du prix Nobel

Lecteur, tu as certainement entendu parler du sophisme connu sous le nom d'appel à l'autorité (ou argumentum ad verecundiam pour ceux qui veulent se la jouer auprès des nanas). Le principe est -trop- simple, en voici un exemple illustratif :
"QUOI ?! Tu crois sérieusement à la version officielle pour les attentats du World Trade Center ?
- Ben, oui, il faut bien avouer que les théories du complot, en général...
- Ah ouais ? Eh bien Hugo Chavez lui-même a dit que c'est un inside job !
- Et alors ?...
- C'est un politicien ! Ils savent ces choses-là, les politiciens ! Si un politicien dit que l'effondrement du WTC, c'était à cause d'une démolition contrôlée, c'est que c'est vrai !
- Attends... C'est pas lui aussi qui avait raconté que les USA possèdent une arme secrète qui a provoqué le tremblement de terre à Hawaï, que la CIA file le cancer à ses opposants et qui a apporté son soutien à Ahmadinejad et Kadhafi* ?
- Non mais ça compte pas, ça.
- D'ailleurs, il y a aussi des politiciens qui la soutiennent, la "version officielle". Du coup, ça veut dire-
- Ça compte pas non plus !"

Les principales victimes de l'appel à l'autorité sont naturellement les grandes célébrités du monde scientifique, principalement le très populaire physicien Albert Einstein, qui s'est vu assigner post-mortem  l'insigne honneur d'être constamment cité comme autorité suprême dans des sujets qui n'ont rien à voir avec la physique, comme la religion ou le végétarisme. Les secondes cibles par ordre de popularité sont les récipiendaires du prix Nobel (peu importe lequel). C'est vrai, quoi, un lauréat du prix Nobel ne peut pas se tromper ! Cette récompense ne peut être attribuée qu'à des gens exceptionnels ! En théorie, cette dernière affirmation est vraie. Et pourtant...

Et pourtant, depuis sa création, le prix Nobel a été décerné à plusieurs individus qui, si leurs contributions à la science ne peut être remise en question, avaient quelques légers problèmes énormes au niveau psychologique et/ou social. Tu sais ce qu'on dit sur le génie et la folie, n'est-ce pas ? C'est ce que l'on nomme dans les cercles sceptiques la maladie du prix Nobel, syndrome étrange qui fait que les récipiendaires de la distinction tant convoitée ont tendance à péter les plombs. Et pas qu'un peu, comme nous allons le voir.


James Watson, prix Nobel de médecine, zéro pointé en génétique


L'américain James Dewey Watson reçut, avec ses collègues britanniques Francis Harry, Compton Crick, Maurice Hugh et Frederic Wilkins, le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1962 pour ses travaux sur la structure moléculaire des acides nucléiques, qui permirent (si j'ai bien compris, ce qui n'est pas garanti) de mieux comprendre la façon dont la matière vivante transmet l'information. Il fut essentiellement considéré comme l'un des pionniers de l'ADN, ce qui allait s'avérer particulièrement ironique plus tard.

Tout alla bien dans le meilleur des mondes pendant plus d'une quarantaine d'années. Et puis, en 2007, alors que Watson approchait les quatre-vingt balais, il annonça dans plusieurs journaux que, bien qu'il "espérerait" que les hommes soient égaux, les noirs étaient malgré tout "génétiquement moins intelligents" que leurs homologues à bas taux de mélanine. Toujours d'après cet éminent savant, "les gens qui ont eu affaire à des employés noirs savent [qu'ils ne sont pas égaux aux blancs]".

Bon, jusque là, c'est pas brillant, mais ça peut s'expliquer par le fait que Watson est un homme né à une époque où ce genre de considération était tout ce qu'il y a de plus ordinaire et que l'âge n'a sans doute pas aidé aux capacités intellectuelles de ce grand homme. Mais le physicien était semble-t-il déterminé à aggraver son cas, aussi affirma-t-il péremptoirement que la stupidité était une maladie génétique qui devrait être guérie. Bien entendu, il ne s'incluait pas parmi les "malades" -il avait un prix Nobel, que diantre. Dix ans plus tôt, il était également d'avis qu'une mère devrait avoir le droit d'avorter son foetus si celui-ci possédait le "gêne de l'homosexualité".

Morale de l'histoire : ne donnez jamais de prix à un gars qui remonte
son pantalon au niveau de ses coudes.

Philipp Lenard, prix Nobel de physique, nazi


On ne le dit pas assez, mais on le constate très souvent : ça vieillit mal, un physicien. Prenez notre Jean-Pierre Petit national, par exemple. Et ce n'est d'ailleurs pas un fait nouveau, ainsi qu'en témoigne la triste histoire de Philipp Eduard Anton von Lenard, lauréat du prix Nobel de physique en 1905 "pour ses travaux sur les rayons cathodiques" (là-dessus, par contre, je peux t'assurer que je n'ai rien compris).

Au début de sa carrière, Lenard était un bonhomme bien brave, quoiqu'un poil arrogant et chatouilleux quant à son amour propre, jusqu'à ce que sa relation avec un certain Albert Einstein ne tourne au vinaigre à l'orée de la Première Guerre Mondiale. Einstein était en effet pacifiste, tandis que Lenard, très nationaliste, était favorable à l'entrée en guerre de l'Empire allemand. La tension vira à la rancœur, et éventuellement, Lenard, convaincu de sa supériorité, décida qu'il existait en fait une "physique aryenne" (ou Deutsche Physik, physique allemande), naturellement supérieure à la "physique juive", laquelle cherchait selon lui à "révolutionner et dominer l'ensemble de la physique", parce que c'est ce que font les juifs, comme chacun sait. Il décida aussi au passage de mépriser la "physique anglaise", qui d'après lui plagiait toutes ses idées sur les Vrais Physiciens Allemands™.

"La science, comme tout ce qu'a produit l'humain, est conditionnée par la race et le sang.", déclara-t-il. [1

Plus tard, en 1930, il rallia le tristement célèbre parti national-socialiste, séduit par les idées de son non moins tristement célèbre leader moustachu, et devint un soutien actif de l'idéologie nazie. Hitler, appréciant la conception de la physique de Lenard, fit de lui le chef de la physique aryenne du Troisième Reich. Il en profita pour casser davantage de sucre sur le dos d'Einstein, affirmant que sa célèbre équation E=MC² était en réalité l'œuvre du physicien Friedrich Hasenöhrl, parce que bisque bisque rage, bien fait pour ta face sale juif (c'est très important, la maturité, quand on fait de la physique).

La Seconde Guerre Mondiale terminée, Lenard fut renvoyé de son poste de professeur de physique émérite de l'université d'Heidelberg, et mourut deux ans plus tard, en 1947, à l'âge de 85 ans. C'est curieux comme tout le monde est devenu brusquement intolérant envers les nazis dès 45.

Linus Pauling, prix Nobel de chimie, pseudo-médecin


Considéré comme l'un des scientifiques les plus importants du vingtième siècle, Linus Pauling a à peu près tout fait : il fut l'un des tous premiers chercheurs en chimie quantique, il travailla dans la recherche médicale (où il découvrit que la cause de la drépanocytose est une structure anormale de l'hémoglobine), s'opposa aux essais nucléaires (et reçu en récompense le prix Nobel de la paix en 1962), il sera presque le découvreur de la structure à double hélice de l'ADN, mena des projets de recherche pour développer une voiture électrique efficiente et découvrit plusieurs propriétés de la vitamine C dont il popularisa l'emploi. Ses travaux sur la liaison chimique lui vaudront également le prix Nobel de chimie de 1954.

Oui, tu as bien lu : Pauling obtint deux prix Nobel différents (ainsi qu'une liste de distinctions longue comme le bras). Un cynique comme moi dirait que cela signifie qu'il avait deux fois plus de chances de péter un câble. Une personne plus raisonnable dirait simplement que Linus Pauling est la preuve s'il fallait la faire que même les scientifiques les plus brillants peuvent faire des erreurs -de grosses erreurs.


En effet, vers la fin de sa carrière, Linus Pauling devint un peu trop enthousiaste quant à ses découvertes sur la vitamine C. Son hypothèse de départ était que les substances normalement présentes dans le corps humain sont nécessairement bénéfiques**, et il en conclut que des doses massives de vitamine C pourraient guérir un rhume. Sur cette base, il fonda la (pseudo)médecine orthomoléculaire avec son associé Arthur Robinson (qui lui, était un pur pseudo-scientifique : négationniste du SIDA, du réchauffement climatique, signataire de la pétition A Scientific (sic) Dissent From Darwinism en faveur du créationnisme...). Éventuellement, Pauling affirma que la vitamine C pourrait être utilisé pour guérir le cancer, même en phase terminale. Des études menées en 1979, 1983 et 1985 démontrèrent pourtant que l'effet de la vitamine ne dépassait pas celui d'un placébo. En fait, il fut également découvert que la vitamine C s'opposait au bon fonctionnement des médicaments antinéoplasiques. Il apparut que Pauling avait commis l'erreur trop classique d'ignorer les données contradictoires.

Pauling mourut d'un cancer -l'Ironie Cosmique avait encore frappé !- en 1994. Sa "médecine" orthomoléculaire lui survécut, et ses "praticiens" modernes affirment maintenant pouvoir soigner des maladies psychiatriques, voire le SIDA, avec des doses massives de vitamine C, tout en expliquant bien sûr que si ça marche pas c'est la faute à Big Pharma qui fait rien qu'à saboter leurs efforts.

Kary Mullis, Prix Nobel de Chimie, maboul tous-terrains


Kary Mullis, docteur en chimie ayant exercé en cardiologie et en physiologie vasculaire, était en apparence loin d'être un con. Certes, il lui arrivait de faire des trucs un peu particuliers, comme consommer du LSD et attribuer à son usage la plupart de ses découvertes, mais bon, c'est comme ça que sont les scientifiques, n'est-ce pas ? Et puis, peut-être bien qu'il avait raison, après tout. Peut-être que certaines idées vraiment géniales ne peuvent être formées que par un esprit chevauchant une licorne verte fluo à travers le pays de la barbe à papa psychédélique. Ne me souvenant pas de mon dernier trip N'ayant jamais consommé aucune drogue, je ne saurais le dire.

Toujours est-il qu'il obtint, aux côtés de Michael Smith, le prix Nobel de chimie en 1993 pour son invention de la réaction en chaîne impliquant la polymérase et bordel de merde je commence à en avoir marre de recopier des trucs dont je ne comprends pas un mot.

Son autobiographie. Sans commentaires.

Mullis, devenu célèbre pour son côté "chercheur non orthodoxe" (c'est comme ça qu'on appelle tous les chercheurs qui ne cadrent pas avec le stéréotype du vieux scientifique sexagénaire barbu avec des lunettes à double foyer), en profita pour augmenter son degré de bizarrerie d'un ou deux crans. Dans une interview pour le magazine Spin (sorte d'équivalent américain de Science & Vie), il déclara que l'origine du SIDA n'était pas à chercher au niveau viral, mais plus au niveau des homosexuels (mais qu'est-ce qu'ils ont les prix Nobel avec l'homosexualité ?), en se basant sur l'irréfutable équation : plus d'homosexuels au vingtième siècle + le SIDA est apparut au vingtième siècle = l'homosexualité provoque le SIDA. Il écrira plus tard dans son autobiographie qu'en fait l'épidémie de SIDA est le résultat d'un complot impliquant le gouvernement, les scientifiques et même les écologistes histoire de faire bonne mesure. A moins que ce ne soit les extra-terrestres, les responsables.

Mais ce n'était pas tout. Décidant qu'être lauréat du prix Nobel de chimie signifie qu'il était désormais un spécialiste dans tous les domaines n'ayant que peu à voir avec la chimie, il affirma également que le réchauffement climatique n'avait rien à voir avec l'homme, que l'astrologie c'est pas du flanc, qu'O.J. Simpson est innocent, que le livre d'Urantia*** c'est pour de vrai et que les extra-terrestres nous rendent visite régulièrement. Et ça, il le sait, il en a rencontré un. Plus précisément, il a rencontré, une nuit de 1985, un raton-laveur brillant dans le noir qui lui a dit "bonsoir docteur", ce a quoi le docteur Mullis a répondu "hello" (oui, je sais, c'est pas transcendant, comme dialogue avec un ziti). D'après Kary, ce raton-laveur était une sorte de "projection holographique" qui n'avait rien à voir avec sa consommation de LSD, rien du tout du tout.

A savoir aussi que Kary Mullis n'apprécie pas trop qu'on remette son autorité en question, encore moins qu'on lui pose des questions trop précises sur les sujets sur lesquels il délire, ou qu'on lui fasse remarquer que son domaine d'expertise est la chimie et que lesdits sujets sont sans rapport. Peu importe ! Il a raison parce qu'il a un prix Nobel, merde !


* Authentique. [1][2][3][4]
** On notera que cette hypothèse de base était déjà peu logique. Avec le même raisonnement, je pourrais dire que les métaux lourds sont bénéfiques pour l'organisme, vu que nous avons naturellement dans notre corps.
*** Pour ceux qui ont la chance de ne pas connaître, il s'agit en gros de la Bible version New Age avec des extra-terrestres à la place des anges et où l'on apprend notamment que Jesus était un ziti. A lire à ce sujet : Urantia, The Great Cult Mystery de Martin Gardner (non traduit en français, à ma connaissance).

7 février 2013

Le terrifiant complot des homos

Dans l'univers très particulier des théories du complot, il y a plusieurs grandes catégories : il y a par exemple les super-théories du complot (celles à base d'Illuminatis, de Juifs sionistes, de Francs-maçons, etc.) et les théories du complot loufoques (telles que certaines de celles déjà évoquées dans ce blog). Et puis, il y a les théories du complot qui sont un peu un mélange des deux, saupoudrées d'une épaisse couche de xénophobie -ou en l'occurence d'homophobie. En voici un parfait exemple et véritable archétype : la théorie du terrifiant complot des homos !

1. They took our kids !


"As a mother, I know that homosexuals cannot biologically reproduce children; therefore, they must recruit our children." ("En tant que mère, je sais que les homosexuels ne peuvent biologiquement se reproduire ; donc, ils doivent recruter nos enfants") disait Anita Bryant à une époque où l'Amérique profonde était encore plus fêlée qu'aujourd'hui. Cherchez pas la logique dans ce joli discours, y'en a pas.

C'est ainsi que l'on peut résumer le cœur de cette théorie du complot, appelé par ses tenants le recrutement homosexuel. Car, comme nous le "savons" tous, on ne nait pas gay, on le devient. C'est un choix (le mauvais). Hors, étant donné que nous sommes tous purs, si certains d'entre nous choisissent la vile voie des sodomites et des gomorrhéens, c'est forcément qu'ils ont été corrompus par d'autres gays cherchant à les convertir à leur cause !

Oh noes !
A cette fin, les tenants de cette théorie affirment que les gays cherchent à placer nombre des leurs à des postes-clés, tels qu'enseignant ou professeur, afin de séduire les petits enfants et les entraîner vers le côté obscur de la sodomie. Car, comme nous le "savons" tous encore une fois, la pédophilie et l'homosexualité c'est bonnet blanc et blanc bonnet.

Terrifiés par cette invasion des homos pas-du-tout-inventée-pendant-une-cuite-au-whisky-je-le-jure-sur-la-Bible, de nombreux bons citoyens américains tentèrent en 1978 de faire passer l'Initiative Briggs, un projet de loi pour interdire aux gays et aux lesbiennes, ainsi qu'à toute personne ayant le culot de défendre leurs droits, de travailler dans un établissement scolaire public. Cette mesure était tellement conne que même une bonne partie de la droite chrétienne des USA (y compris le président Ronald Reagan) s'y opposa avec véhémence.

Mais tout ceci n'est en réalité que la première étape de l'homosexual agenda. D'après la revue très très sérieuse et pas du tout fondamentaliste Christian Post, les gays ont pour projet secret de (et je cite avec des guillemets) :
"1. décriminaliser la sodomie,
2. Mettre à égalité l'âge de la maturité sexuelle pour les rapports homosexuels avec celui des rapports hétérosexuels.
3. Faire passer des lois anti-discrimination, par exemple en faisant enseignant l'égalité dans les cours d'éducation sexuelle.
4. Autoriser les mariages ou union civiles homosexuels.
5. Permettre aux gays d'adopter."

En d'autres termes, les pédés ont le cran d'exiger d'être traités de la même façon que les hétéros ! Mais comment peuvent-ils oser ?


Décidant d'aller encore plus loin, d'autres joyeux représentants de l'extrême-droite extrêmement chrétienne imaginèrent également une autre théorie du complot, moins populaire aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années 80, faisant état de l'existence d'un complot gay surnommé Homintern (en référence au Komintern) ou encore "Mafia Gay", par lequel les homosexuels contrôlent le milieu des arts et des médias -car c'est bien connu que tout le monde au cinéma est gay, même Emma Watson*- ceci dans le but de poursuivre l'agenda sus-mentionné.

Et si tu penses être à l'abri de ce genre de mabouls, jeune homosexuel français, permets-moi de te rassurer aussitôt : on a les mêmes à la maison ; en multiples exemplaires.

2. Pray the Gay Away


Mais ne panique pas, jeune lecteur ! On peut combattre l'homosexualité ! Tout d'abord grâce à la thérapie réparatrice, ou thérapie de conversion, afin de convaincre les jeunes garçons de "laisser tomber leurs poupées Barbies" afin de devenir des vrais de vrais machos, machos men. A cette fin, des techniques indubitablement pleines de bon sens ont vu le jour.

Ceci n'est pas un exemple.

L'une des plus répandues (et des plus terrifiantes) est la thérapie par aversion. Le principe est le suivant : on colle le "malade" devant du porno gay tout en lui faisant consommer des substances gerbantes (au sens littéral du terme) telles que le sirop d'ipecac. De la sorte, le "malade" associe l'envie de gerber avec ce qu'il vient de voir. Un lecteur pas trop imbécile fera remarquer que le seul accomplissement de cette thérapie sera de dégouter la personne de regarder du porno gay, pas d'être gay**.

Une autre méthode appelée "Hugging", mise au point par Robert Cohen, "ex-gay" et "spécialiste" de la thérapie de conversion, part du principe que les gays sont gays à cause de problèmes non résolus avec leur père (selon cette logique, les hétéros sont-ils hétéros à cause de problèmes non résolus avec leur mère ?). Afin de régler cela, Cohen propose un gros câlin au "malade", durant lequel Robert se fait passer pour son père et ledit "malade" pour lui-même étant petit... C'est fou ce que tout cela à l'air très très hétérosexuel.

La troisième technique est celle dite du "renforcement des genres" (Gender reinforcement), dont le principe est encore plus simple (et encore plus con) : pour guérir les gays, ils faut les forcer à se conduire en vrais mecs ! Ainsi, le "malade" est enjoint à faire du sport (c'est bien connu que les gays ne font pas de sport) ou à construire des trucs (les maçons homos, ça n'existe pas non plus). De leur côté, les homosexuelles sont encouragées à pratiquer des activités telles que la couture, le maquillage, s'occuper des bébés (autre fait bien connu : toutes les femmes hétérosexuelles veulent des bébés) et toutes sortes d'autres trucs de gonzesses.

Ces thérapies, sans nul doute très très efficaces, sont désormais interdites dans un nombre croissant de parties du monde, y compris récemment dans l'Etat de Californie, preuve manifeste que les gays sont bel et bien en train de prendre le pouvoir partout !

Oh, et comment ne pas mentionner ces prêtres évangélistes qui affirment que se faire violer par un démon peut rendre gay ? La solution est alors évidente : il suffit au pauvre possédé d'accepter le Christ comme son sauveur personnel et le tour est joué. 

3. Bonus round : la loi de Haggard


Je ne pouvais pas décemment finir cet article sans parler de cela...

Il n'y a rien d'effrayant sur cette image.
La loi de Haggard stipule que : "Plus les objections d'une personne à l'égard de l'homosexualité sont fréquentes et fortes, plus grandes sont les chances que cette personne soit homosexuelle". Elle fut nommée en hommage à Ted Haggard, qui fut le chef de la New Life Church de Colorado Springs, très connu pour ses propos éminemment homophobes. Jusqu'à ce qu'un beau jour, Teddy se révèle être un consommateur régulier de méthamphétamine... et de prostitués. Heureusement, il fit un mois de thérapie de conversion intensive, et il affirme désormais être 100 % pas gay du tout. Si, si. Juré, sur la vie de sa mère. Complètement hétérosexuel, qu'on vous dit.

Une autre excellente autant qu'amusante illustration de cette loi est l'ex-sénateur républicain Larry Craig. Il fut arrêté en 2007, lorsqu'il se rendit dans les toilettes de l'aéroport de Minneapolis, et décida de faire quelques propositions scabreuses... à un flic en civil. Il plaida coupable, et signa une confession écrite, avant de revenir sur ses propos et d'affirmer qu'il n'était pas gay et n'avait rien fait de mal. Honteux, il jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrai plus : à partir de maintenant, il va plutôt faire ça dans les ruelles derrière les bars, comme tout le monde.

A voir à ce sujet : l'hilarant site Gay Homophobe, qui compte le nombre de jours depuis qu'un célèbre homophobe se retrouve impliqué dans un scandale sexuel avec d'autres mecs. Le dernier vainqueur, au moment où je rédige ces lignes, est Ryan Muehlhauser, qu'on applaudit bien fort !

Allez, tout le monde chante maintenant !




Si seulement...
** Un lecteur encore moins imbécile et particulièrement cultivé fera également remarquer qu'il s'agit là de la méthode employée sur le protagoniste du livre et film Orange Mécanique, à la fin desquels les résultats de ladite thérapie n'étaient pas particulièrement probants...